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Bouly et Guignolo sont dans un bateau ... ma galère à moi ;-)
7 juin 2009

la naissance d'Adam

Jeudi 2 avril

IL est 15h30 je suis assise en tailleur sur le canapé et je ressens un mal de ventre un peu suspect.

Mal mais pas mal, enfin pas vraiment, pas comme une contraction, mais pourtant un peu qd mm, bizarre.

Faut dire qu'aujourd'hui comme depuis ces derniers jours je me suis pas mal activée.

Ton papy est venu aidé papa à creuser la terrasse et je leur ai fait à manger à midi (du saumon : d'ailleurs je me rappellerais que je le digère pas terrible terrible)

Pour l'heure il faut aller chercher ta grande soeur à l'école.

Nous y allons à pied avec ton père.

La petite douleur ventrale revient ... 20 minutes, puis 20 minutes ... j'observe donc une certaine régularité docteur watson.

A partir de 19h 30, il semble que ce « mal » revienne toutes les 15 min. mais je n'ai pas vraiment mal ... Oui c'est ça je trouve que je ne souffre pas assez pour que ça soit du vrai, du dur, du solide, de la contraction qui annonce la demande de péridurale et tout le toutim .. non là c'est limite douillet comme petit bobo de bidou.

Ton papa et emy mangent ... moi j'ai pas faim. (hum hum bizarre ! Là j'aurais du me douter que qlq chose clochait !). A 20h30 on hésite à mettre emy au lit puis finalement on l'emmene chez mamy et papy... les « contractions » sont toutes les 15 min qd mm et vaut mieux que l'on l'emmene maintenant que réveiller tout le monde dans la nuit.

Nous la déposons, mes parents me disent que je n'aurais pas du monter jusqu'à l'appart, rester dans la voiture, mais je vous dis que j'ai pas mal ! Ma mère est persuadée que ça va aller très vite ... elle me dit d'aller vite à la mater, que j'aurais accouché avant minuit.

Mathieu est persuadé que nous allons direct à la mater après ... mais non je lui demande de rentrer à la maison. Pas envie d'etre prisonnière du monitoring pdt des heures alors que je n'ai PAS MAL !

Puis dans la voiture ça passe à toutes les 10 minutes ... un peu plus douloureux ... je me dis qu'on a qd mm bien fait d'amener emy, je suis plus sereine.

(en plus elle fera une nuit épique à vomir en jet façon l'exorciste en réaction au rappel du vaccin qui avait eu lieu une semaine + tot : un enfant sur 10 fait ça :c'était pour elle, c'était cette nuit là : elle a compati à 100% à mon accouchement et à redécorer l'appart de papy et mamy de vomito !)

de retour à la maison je décide de me prendre qd mm un petit bol de céréales avec du lait : j'aurais besoin d'énergie si jamais j'accouche cette nuit. On commence à regarder un épisode de Private Practice. Les contractions sont tjs toutes les 10 min , mais là je dois dire que aie ouille, inspirer, expirer : je commence à dérouiller .... ça s'intensifie très rapidement en ½ h je passe du stade peace and love à « ne me parle pas qd je suis concentrée à respirééééééééééééééééééé grrrrrrrrrrrrr ».

A 21h30 une grosse méchante vilaine contraction me coupe le souffle et me fait peur ! Et si ça s'accélérait d'un coup et qu'après je doive accoucher chez moi ... là je me fais flipper toute seule, mais celle là m'a vraiment alerté. Je décide donc de donner le top à la vachette et nous voilà partis à la mater.

Arrivés à 22h00... je suis accueillie par margaux une aux puer et Matongo le sage femme (souvenez vous pour emy j'avais déjà affaire à un homme), pour nous mettre dans l'ambiance on nous annonce de suite qu'ils ne sont que tous les 2 toute la nuit.

On m'ausculte je suis dilatée à 2, on me met sous monitoring pour ¾ dh'eure.

Matongo veut juste vérfiier si c'est le vrai travail qui commence, sinon il nous renvoie à la maison pour qu'on revienne qques heures + tard

contractions toujours tous les 10/15 minutes.Les contractions s'intensifient, se rapprochent. Toutes les 2 à 5 minutes, j'essaie de me concentrer , de bien respirer. Pas de doute de mon coté ça travaille sévère et je pense que je ne retournerais pas chez moi.

A la fin du monitoring (23h00)je suis dilatée à 3, Matongo et Margaux nous gardent

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On me demande si je veux la péridurale : un peu mon n'veu !

Va falloir que j'attende mon tour car il y a 3 autres accouchements et visiblement il y a des mamans qui gèrent moins bien que moi (euh je gère je gère oui mais pour combien de temps)

L'anésthésiste arrive à 01h00... je suis dilatée à 4. l'anésthésiste est un ami d'une copine. Elle l'a briefé en lui disant que je devais accoucher dans les prochains jours et qu'il devait bien s'occuper de moi. Il m'explique bien tous les gestes qu'il fait, il est très rassurant. Je n'ai qu'une seule contraction le temps de la pose et je la gère bien. Mais une fois la péri posait, je commence à voir bourdons, papillons, mouches et autres insectes. Ma tension chute à 9, je suis dans un autre monde.

Très vite on m'injecte ce qu'il faut dans la perf pour que je retrouve mes esprits ... et là le bonheur !

Je me sens soulagée, sereine, emplie d'une douce chaleur.

Je sens les contractions mais de la mm façon qu'en fin de grossesse mon ventre se durcissait et me donnait une sensation de tension dans le bas ventre, ni plus ni moins. Je peux bouger mes jambes, je me sens bien. Pour emy j'étais paralysée, je ne sentais plus rien, j'étais angoissée.

Auscultation de Matongo toutes les heures, je gagne un cm par heure

à 03h00 je suis dilatée à 6, matongo m'annonce qu'il ne faut pas que tout ceci soit trop long car en percant la poche des eaux, le liquide est teinté, méconial. À priori il dit encore 4 heures :-)

Sauf qu'à 03h30 je sens que ca pousse bien bas, je rappelle matongo et je suis dilatée à 10 ! La péridurale n'aura pas ralentie le travail.. branle-bas de combat, Matongo remplt la courbe de dilatation pour montrer à Hazane, vu qu'il n'avait rien rempli depuis notre arrivée. Il décide de pas mettre de suite les étriers pour pas que le bb sorte avant qu'hazane arrive...

Moi je suis super détendue, j'ai même pu me reposer un peu. On appelle mon gynéco Hazane.

Matongo me briefe un peu pour la poussée.

Déjà je sens que ça pousse, ça appuie (sensation que je n'ai pas du tout pu ressentir pour emy)

mon gynéco arrive in extrémis à 3h50, on va attaquer de suite, le temps de mettre les étriers, de faire un petit entrainement sur une contraction-poussée : je me sens vraiment active dans cet accouchement. Je sens ce que je dois faire.

Le docteur m'annonce que 2 poussées suffiront, j'ai du mal à le croire.

Allez c'est parti, et là ton père rentre en action , méga coach il me rappelle de bien bloquer ma respiration au moment de la poussée. On voit la tete : on me met une glace devant pour que je te voie : ton petit crane est tout pres. On repart pour une poussée, je donne tout ce que j'ai et je te sens glisser, passer , tout ça sans douleur mais avec un soulagement et un bonheur immense. Je t'attarape, on te pose sur moi, je t'entends crier. Tu ressembles tellement à ta soeur. Très vite on t'emmene juste à coté de moi avec papa, car tu as avalé du liquide méconial, on te passe une sonde gastrique et on est obligé de te laver malgré le nouveau protocole qui veut qu'on laisse le vernix car tu viens de te faire dessus 3 tonnes de méconium !100_0087

Tu pèses 3,522kg pour 50 cm : hourra tu vas mettre du naissance au moins une fois !

Pendant ce temps moi j'apprends que j'ai une belle déchirure, il en faudra pas moins de ¾ d'heure de couture.

Ensuite tu vas venir téter sur moi : tu trouves de suite le sein et tu tetes super bien. Je suis épatée.

Je te trouve beau. Je n'en reviens pas. Je ne pensais pas pouvoir trouver un bébé aussi beau que ta soeur mais tu me prouves le contraire. Tu es tout calme sur moi.

Je suis bien.

La suite ce sera une autre histoire.

Vendredi 3 avril

On nous annonce que nous n'avons pas de chambre individuelle.

Il est 7h environ. J'arrive dans la chambre double, pour l'instant il n'y a personne. Je suis encore sereine, tout en commencant à faire le forcing à toutes les sages femmes qui passent pour avoir une chambre seule.

Très vite un couple arrive. Ils vont parler toute la matinée et mm pas en chuchotant. La maman reçoit des appels sur son portable en continu. Je l'entends qui dit à chq coup de fils de venir à partir de 13h. Je n'ai pas dormi, je commence à stresser.

Le plateau repas arrive : j'ai une pensée pour sayaka qui avait des supers plats ... et je découvre le mien qlq heures après l'accouchement : des calamars à l'armoricaine façon hopital !! beurk ! Pourquoi pas une bonne vieille choucroute tant qu'ils y étaient !

A 13h le coup de feu des visites de ma camarade de chambre commence.

Là c'est le début de l'enfer pour moi : ils parlent tous forts, ils sont en moyenne 8 dans la chambre. Mon lit est face à la porte donc pour allaiter c'est vraiment pas top au niveau de l'intimité. Je me camoufle sous un foulard comme je peux mais je crève de chaud. Forcément : il fait 26 degrés dans la chambre. Un groupe de 5 mecs arrivent. Je cache mes seins mais bon mon petit adam a faim alors je me sens vraiment reluquée et pas à mon aise. Les visites continuent , ça parle fort. J'entends même au summum de mon énervement qu'un des gars a eu une gastro y'a 2 jours et qu'il s'était dit que c'était fini donc qu'il pouvait venir à la maternité !

Il est 15h 30 je craque.

Je transpire, il fait chaud, je suis fatiguée, j'ai les nerfs à vif, mal à la tete.

Je prends mon bout de chou sous le bras, ma valise sous l'autre et je vais au bureau des sages femmes. Dans le couloir une d'entre elles m'arrete et me demande où je vais. Là je fais mon siiting sur ma valise et je lui dis de me trouver une salle même sans lit où je peux allaiter sans etre mater, où il fait moins de 26 degrés et où personne ne parle fort. Je lui annonce que de tte façon je ne retourne pas dans ma chambre. Elle est receptive à mon appel au secours et à mes revendications. J'attéris dans la nursery. Je me calme, il fait moins chaud. Adam tete tranquille mais je le trouve chaud. Une heure plus tard par miracle alors qu'aucune chambre individuelle n'était libre on m'en trouve une. Je dis aux sage femmes que je dois aller récupèrer mon vanity et le berceau d'adam : pas la peine de retourner là bas elles m'amènent tout dans ma chambre. Elles ont du aller faire la police là bas vu comme elles ont jeté en vrac mes affaires dans le berceau d'adam façon déménagement éclair. Là je dis à mon fils « maman t'as obtenu une chambre 4 étoiles » c'est le pied ! J'ai mm un berceau demi lune rattaché à mon lit , idéal pour allaiter allongée et pour faire du cododo en toute sécurité ! Ça me plait .

On vient prendre la température d'adam et la mienne. Adam a 37,8C. Je me dis que vu qu'il faisait 26 dans la chambre des fous furieux ça ne m'affole pas. Les sages femmes me disent qu'on va qd mm lui faire une petite prise de sang pour voir s'il n'y a pas un terrain infectieux sous cette hyperthermie. On embarque mon petit loup pour la prise de sang.

Ton père arrive. Il me raconte la nuit épique de ta soeur avec son vomi chez papy et mamy. Et donc elle n'est pas venu te voir aujourd'hui. Je suis un peu déçue mais bon au cas où ce ne soit pas la réaction au vaccin mais autre chose c'est plus sage.d'attendre les 24h que le doc a donné.

La nuit sera très hachée car tu tetes bcp. Je prends mon mal en patience je veux que ma montée de lait se fasse rapidement. Puis tu tetes vraiment bien. Par contre pour les bouts de sein j'avais espoir que pour un 2e cela se fasse plus vite et que ça fasse moins mal mais c'est pareil on dérouille qd mm. Et pour les contractions de l'utérus idem. Je crois bien que c'est même pire. Je dors environ 4 heures. Mais je tiens le coup et surtout je suis ravie de ma nouvelle chambre. Je me dis que nous avons échappé au pire, je me sens soulagée. Je réalise ma chance mais je ne sais pas encore ce qui m'attend ...

samedi 4 avril

ton père passe la matinée avec nous, il te donne le bain, on nous dit que la prise de sang a donné un taux moyen et que du coup il faut en refaire une pour voir l'évolution. Tu n'as plus de fièvre. Mais bon ...il est midi je mange mon plateau repas et ton père va manger de son coté et chercher qlq affaires à la maison. À 13h30 le ciel me tombe sur la tete. On vient m'annoncer que ton taux est mauvais et que tu as donc développer une infection. On m'explique qu'on ne peut pas te donner le traitement antibiotique ici et que tu dois etre transféré dans une autre maternité avec service néonat' (bordeaux nord). Je suis sans voix, je pleure. Là où je prends un coup inutile c'est qu'on m'annonce que toi tu es transféré mais qu'ils ne sont pas surs qu'il y ait une place pour moi.

Là je m'effondre. Des visites en néonat pour les tétées mais pas de chambre avec toi ? Pas d'endroit à nous ? On va nous séparer ? On va m'arracher mon tout petit !! pendant la demi heure où j'attends ton père je ne fais que pleurer. Je te sers fort dans mes bras, je ne veux pas que l'on nous sépare, je veux qu'on reste ensemble com ça l'un contre l'autre. Je veux pouvoir regarder ta bouille à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Je veux pouvoir te sentir te caresser te prendre dans mes bras sans horaires ni barrières. Ton père me découvre en sanglots les yeux rouges le coeur en sursis.

Les sages femmes reviennent nous faire signer les papiers de transfert, elles nous demandent de nous préparer pour le trajet en ambulance. Je n'avais pas pensé à ça non plus. Ça fait bcp pour moi qui vient d'accoucher il y a 24 heures. Je m'active donc à ranger mes affaires, je ne pense plus à mes contractions utérines, mes points, mon périnée. Je me dis qu'au moins ta soeur est bien, loin de tous ces soucis, elle est allée au spectacle de chantal goya avec papy et mamy.

Dans l'ambulance tu es dans une coque inadaptée à ton age, je dois te tenir sur mon brancard, je suis pliée en 2, tenue par la seule force de mes faibles abdos. Les 2 ambulanciers font alors un numéro digne des caméras cachées. Ils se lancent des pics virulents « edouard je trouve que vous êtes désagréables en ce moment ... bon nous en reparlerons plus tard ... il faudra que je vous dise 2 mots qd nous serons seuls ... vous conduisez vraiment trop mal ... il faudrait penser un peu à être professionnel .. » et moi je m'accroche à mon fils, je suis dans la 4e dimension. Le trajet me paraît long. J'ai mal partout. Je me demande ce qui nous attend dans ce nouvel hopital.

Nous sommes reçus de suite dans le service néonat. Les sages femmes là bas sont adorables.

Il y a une chambre pour moi et à 2 pas du service néonat. Ça me redonne un peu de baume au coeur.

Puis on m'annonce que tu vas passer au moins 24 heures en néonat complet , et que la nuit d'après tu y seras également. Le gouffre se creuse à nouveau sous mes pieds.

On commence à nous expliquer le traitement. Tu vas avoir un cathéter (je souffre dans ma chair, je ne supporterais pas de te voir affubler de tuyaux) mais qu'il sera discret caché sous un bandage.

Le traitement peut durer de 3 à 10 jours. Bien sur je n'entends que le 3. qui me paraît déjà une éternité. Mais de tte façon sans complication c'était la durée de mon séjour en maternité donc j'essaie de m'accrocher à ça.

Très vite on nous parle de 5 jours avec la visite du pédiatre.

Tu vas passer ta nuit en néo nat mais je demande à etre appelée pour te donner les tétées : c'est là ma seule action, ma seule façon d'etre réellement ta maman et de me sentir moins impuissante. Cet allaitement c'est ma bouée de sauvetage, ce qui me permet de ne pas m'effondrer complètement. Pourtant je sens bien que je suis vraiment au plus bas et je demande à ton père de rester dormir avec moi vu que ta grande soeur est chez papou et manou. J'ai trop peur qu'on m'annonce encore qlq chose dans la nuit et je ne veux pas etre seule à ce moment là. Je pleure beaucoup. J'ai mal partout : j'ai forcé comme une malade sur mon corps endolori par l'accouchement si proche et j'en avais oublié que j'étais encore trop faible pour tenir tout ça sans dommage. Je suis fatiguée aussi. Mes 4 heures de sommeil en 48 heures sont bien loin. Je pleure, je pleure.

La nuit va etre longue, je n'arrive pas à m'endormir. Le bruit de l'hopital; l'inquiètude, les pensées négatives, l'attente d'un verdict sur ton infection, sur la durée de ton traitement,me gardent éveillés. Plus je cherche le sommeil et plus mes yeux restent grands ouverts ne sachant que pleurer.

Je dors maxi 2 heures cette nuit là.

Dimanche 5 avril

ta soeur doit te rendre visite. Je sus bleme. Je révais tellement de votre rencontre, de notre premier calin tous les 4. je n'imagine pas que cela doive se faire derrière la vitre du service néonat entre ta soeur et toi.

La nouvelle prise de sang montre que tu réagis bien au traitement dès la première injection. Nous pourrons donc te récupèrer dans la chambre qlq heures ce soir pour que tu rencontres ta soeur.

Quand je la vois arrivée tout sourire , intimidée par ce nouvel étre que tu es, j'ai du mal à me retenir de pleurer ... Elle m'a tellement manquée elle aussi. Moi qui lui avait dit que je serais vite de retour à la maison, je culpabilise. Elle te trouve très mignon, elle n'ose pas nous demander de te prendre dans les bras. La pauvre elle attendra le lendemain que l'on lui propose, sur le coup nous n'y avons même pas pensé.

Lundi 6 avril

On nous prend en photo tous les 4 pour la première fois.

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Je continue de pleurer, j'ai encore très peu dormi, tout au plus 3-4h en discontinu.

Je ne tiens que par les nerfs. Je ne fais que pleurer et la visite de ta soeur me fend le coeur : dès que j'entends sa voix dans le couloir de l'hopital je ressens un spasme au ventre. Quand elle est là je me gorge de son odeur et je la caline au possible. Le temps me semble tellement long.

Je peux quand même te récupèrer dans la chambre avec moi. C'est déjà beaucoup mais je suis dans ma spirale et cela ne me suffit pas à remonter la pente.

Ton père chouchoute ta grande soeur: il l'emmene au resto, la laisse dormir dans le lit de papa et maman.

mardi 7 avril

on m'annonce que le traitement est de 7 jours. Nous sommes là jusqu'à samedi.ça me paraît une éternité. Ta soeur me manque terriblement, en plus il y a sa fete de l'école vendredi après midi. Je vais manquer ça. Je me sens déchirer, le coeur coupé en 2, comme si on me demandait de choisir entre mes 2 enfants, mes 2 bébés. Il faut que je choisisse entre mon coeur et mon sang, entre mes bras et mes jambes, entre mes yeux et ma voix. Je ne peux que pleurer. Je ne suis plus que l'ombre de moi même , les nerfs me portent. Je n'ai quasiment pas dormi depuis l'accouchement. J'ai peur de ne plus jamais pouvoir sourire, je me sens faible, nulle. J'aimerais tant etre forte mais je me sens si seule. J'essaie de me raisonner, mais je n'arrive pas à prendre de recul; je sais qu'il y a des bébés bien mal en point en service néonat, qu'adam va bien. Il tete bien, il dort bien les pédiatres nous disent qu'il est en super forme. Mais pourquoi nous garder 7 jours ? Ils ne veulent pas prendre de risques certes. Mais j'ai la sensation que l'on nous vole les premiers jours d'adam. Ces premiers jours de vie sont censés etre de beaux souvenirs, plein d'amour et d'image de bonheur. Je ne connais ces jours ci que le manque dans mes tripes de maman : le manque de ma grande, et de mon petit. La frustration de ne pas pouvoir les serrer dans mes bras chez nous. Je me gorge de leur odeur, de la douceur de leur peau, mais chaque fois qu'emy repart de la mater je ne peux pas m'empécher de pleurer. Elle pleure aussi, même si je sais qu'après elle est chouchoutée par son papa qui est génial et qui garde l'énergie pour nous 2. sans lui je ne sais pas comment j'aurais fait.

Mon gynéco passe me voir , je lui pleure dans les bras, je ne comprends pas ce qui m'arrive, ce que j'ai fait pour mériter ça. Pourquoi c'est si compliqué.

Dans l'après midi je découvre 2 grosses boules derrière mon sein , sous le bras.

Je m'effondre à nouveau. Ça y est tout est fini, je me vois déjà en chimio, après tout pourquoi mes malheurs s'arreteraient là. Mathieu va vite chercher de nouveau mon gynéco. Il me rassure ce n'est rien. Des glandes qui se gorgent de lait. Ouf ! Je l'embrasse !

Il est 20h30 c'est bientôt l'heure de ta prochaine injection. Juste après la tétée je dois t'emmener au service néonat et ensuite tu y restes la nuit où je vais te nourrir dès que tu le réclames. Tu te gaves et tu régurgites. Je suis exténuée. Paniquée j'attéris au service néonat. En pleurs j'explique à la sage femme que tu as vomi. Elle me dit que tu as du trop boire tout simplement. Je sais qu'elle a raison mais j'ai paniqué. Je lui explique encore entre 2 sanglots que je n'ai pas pu te changer le pyjama car je n'arrive pas à t'enlever ta manche avec le cathéter. Bref je craque. La moindre goutte d'eau me rend hystérique de larmes. Je n'arrive pas à me calmer. Je suis exténuée, à bout de nerfs.

La sage femme commence alors un long monologue auquel je vais acquiescer de la tete, ne pouvant que me rendre à l'évidence : j'ai besoin qu'on m'aide à poser les choses à plat. Elle m'explique que je dois régler les soucis un par un, qu'il y a une solution pour tout. Mon petit adam va bien, il est en pleine forme. Les antibiotiques doivent etre suivis pdt 7 jours com tout traitement antibiotique mais rien de +, il est en pleine forme (elle me le répète, ça va commencer à rentrer dans ma tete) ensuite elle me dit que je ne peux pas tenir en ayant pas dormi depuis plusieurs nuits, que je dois prendre une vraie décision de maman et DORMIR pour pouvoir m'occuper comme il faut de mon enfant même si ça doit passer par un seul biberon pour que je récupère le temps d'une tétée en moins. Ça me brise le coeur, j'ai peur pour mon allaitement, je ne peux pas faire ça, et elle me donne un éléctrochoc « le baby blues c'est une chose, mais si cela dure cela s'appelle une dépression et il y a peu de traitement pour la dépression compatible avec l'allaitement ». je sens bien que je perds pied. Pour le bien de mon petit j'accepte le deal d'un seul biberon pour pouvoir dormir. Ensuite elle me dit que demain c'est mercredi que ma grande pourra rester toute la journée avec moi, que je peux mm sortir un peu dehors prendre l'air avec elle. Bref cette conversation m'apaise.

Je vais dormir 5 heures d'affilée. La tétée d'après je reprends forme humaine. Elle me racontera que je n'avais pas bien mis la couche et qu'il y a eu explosion de caca. Je prends conscience qu'il était vraiment temps que je réagisse car je n'aurais bientôt plus réussi à m'occuper d'adam correctement.

Mercredi 8 avril

ta soeur passe la journée avec nous. Nous faisons un pique nique dans la chambre. Je fais bonne figure et j'essaie de profiter un maximum de ces moments. Nous sommes tous les 4 ! même si c'est à l'hopital. Dans ma tete je commence le compte à rebours des jours qui me séparent de mon retour à la maison. Il faut que je tienne le coup.

Le soir , j'ai une belle crevasse, tu bois un peu de mon sang. Tu te gaves pdt une demi heure sur mon sein, tu es repu, tellment que tu régurgites et là ton petit pyjama blanc se tache d'un rouge sang qui me fait paniquer. Je cours au service néonat. Encore un coup de frayeur ! La sage femme m'explique que ce n'est rien.

Mon frere passe me voir : je lui pleure dans les bras. C'est dur de laisser mon tout petit pour la nuit et ma grande qui me manque et que j'ai laissé repartir chez nous alors que moi et son frere nous sommes ici. Emy qui vient tous les soirs avec ton père me dit en plus « je veux pas que tu restes ici. Je veux que tu rentres à la maison avec moi ».Je sais que j'arrive à mi parcours et mon frere trouve les mots pour me donner du courage.

La nuit je commence à récupèrer. Du moins je trouve mon sommeil un peu plus rapidement.

Jeudi 9 avril

je compte les jours. Je vais déjà mieux car je sais que nos nuits et nos jours à l'hopital ne seront bientôt qu'un mauvais souvenir. On approche de la fin. Je commence à respirer de nouveau.

Vendredi 10 avril

je manque la fete de l'école de ta soeur. J'ai un pincement au coeur. Mais tu es avec moi et demain nous sortons ! Je ne réalise pas : j'ai tenu ! Ta grande soeur vient nous voir avec son déguisement d'abeille : elle est trop belle ! Je lui dis que demain nous rentrons ; elle est tellement contente.

Elle me dit « allez maman demain tu rentres à la maison , faut pas que tu pleures». elle me paraît tellement grande d'un coup.

Je suis tellement excitée de rentrer chez moi.

Mon frere passe avec sa copine qui est là pour le week end. Ils me tiennent compagnie pour ma dernière soirée. Je vais beaucoup mieux : je rentre chez moi demain !!!!!!!!

cette nuit tu as ta dernière injection et on t'enlève le cathéter. Tu dors pendant tout ce temps, très serein, un vrai champion ! Je te trouve tellement patient et gentil comme bébé, je n'en reviens pas.

Samedi 11 avril

c'est le jour de notre sortie.

Il est 8h et je suis déjà prete. Ma valise est bouclée. Je suis habillée, douchée.

Ton père arrive à 9h30. Le pédiatre doit passer. Il arrive vers 10h30. On se fait une dernière belle frayeur car on te trouve un peu chaud. Mais non tu n'as pas de fièvre. Tu es en parfaite santé . Nous pouvons sortir ! Nous attendons 12h notre bon de sortie ! Une éternité ! Nous trépignons dans la chambre, nous sommes dans les starting blocks...

enfin on nous lache.

Dans la folie du moment, en guise d'apogée de notre périple, ton père oublie ma valise à l'entrée/sortie de la maternité.

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Bouly et Guignolo sont dans un bateau ... ma galère à moi ;-)
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